07/06/2009 : FAUSTA (LA TETA ASUSTADA)
Rendez-vous des Reflets
Pour le premier rendez-vous des Reflets hors festival, l'Association Pour le Cinéma vous propose de découvrir en avant-première le dernier film de la réalisatrice péruvienne Claudia Llosa (Madeinusa), le mercredi 10 juin à 20h45 au Zola.
A l'occasion de cette Première, Pascale Amey, membre du comité d'organisation des Reflets et de Salsa Picante (le journal des Reflets), a vu le film et vous en livre une première critique... En espérant qu'elle vous donne envie de le découvrir.
FAUSTA, FLEUR DES ANDES
Forte du succès de son premier opus, Madeinusa, Claudia Llosa revient avec Fausta, la teta asustada, un film - fort justement - primé au dernier festival de Berlin. L'argument est simple : Fausta est une jeune fille de la campagne qui vit dans un quartier pauvre de Lima, en compagnie de sa mère, Perpetua, et de sa famille. Elle souffre du mal de « la teta asustada » (le sein effrayé) car sa mère a été violée alors qu'elle était enceinte d'elle, au temps du terrorisme, au village, dans les Andes.
Fausta n'a donc pas d'âme, elle ne sort jamais seule ; elle vit dans la peur, avec sa mère dont elle s'occupe. Elle saigne du nez à la moindre angoisse, s'évanouit dès qu'elle est effrayée, mais elle chante, elle chante la vie, sa vie, celle de sa mère, elle chante la vie au village, les histoires, la tradition.
A la mort de sa mère, Fausta se trouve confrontée à la réalité de sa pauvreté matérielle mais aussi à sa propre richesse -qu'elle devra accepter. Fausta, la teta asustada raconte donc l'histoire de la re-naissance de Fausta, son itinéraire du bidonville écrasé de soleil et de poussière, à l'intérieur de la maison bourgeoise, sombre et coupée du monde, de l'intérieur vers l'extérieur, de la mort vers la vie jusqu'à la libération... monde dual des Andes très bien saisi par la cinéaste.
Ainsi, Claudia Llosa signe avec cette deuxième oeuvre, un film de femme, intime et tendre, respectueux et digne. Un film impressionnant et dérangeant, bouleversant... Un hommage aux femmes victimes de violence, qui portent en elle la peur et la douleur et la transmettent aux générations suivantes.
Magaly Solier qui incarnait remarquablement bien Madeinusa dans le premier film de Claudia Llosa, donne là corps à une Fausta plus vraie que nature, inquiétante et magnétique, fleur fragile des Andes mais indestructible, gardienne des traditions et source de vie. Inoubliable !
Belle image, bonne direction d'acteurs, propos intelligent, Fausta, la teta asustada, ne laisse personne indifférent. A noter également que le film est majoritairement en quechua... on n'avait pratiqué pas vu cela depuis l'époque de l'école de Cuzco !!! A voir de toute urgence !!!
Le mercredi 10 juin 2009, à 20h45, Fausta, la teta asustada, sera présenté par Rosa Mestre, sociologue péruano-bolivienne et Pascale Amey de l'association Pour le Cinéma. Il s'en suivra un échange qui ne manquera pas d'être nourri et enrichissant, aux vues des réactions provoquées par ce film au Pérou....
Pascale AMEY pour Salsa Piquante (journal du festival Reflets du cinéma Ibérique et Latino-américain organisé par l'association pour le cinéma le Zola à Villeurbanne)